Dimanche 3 novembre 2024
AIMER SON PROCHAIN COMME SOI-MÊME . 

Comme le scribe, nous sommes tentés de dire à Jésus "fort bien Maître, tu as dit vrai".  Cependant quand nous regardons autour de nous, le constat est vraiment amer. Comment s'exprime l'amour du prochain ? Nous sommes retournés aux premières heures de la création où Caïn tue Abel. Nous sommes évolués, développés.. et plus que jamais l'amour du prochain n'a été substitué par l'amour de la patrie. Les nations s'élèvent les unes contre les autres au mépris de la vie humaine devant le silence coupable et complice des grandes puissances qui se sont constituées gendarmes du monde. Pire, ils sont eux-mêmes les plus grand fabricants et vendeurs d'armes. Ce sont les vampires du monde qui ne vivent que du sang innocent des enfants de Dieu. En Europe, c'est la guerre, au Moyen Orient, l'escalade de la violence, en Afrique, la désolation. Où est ici la place du prochain ?
En invitant le scribe à aimer son prochain comme soi-même, Jésus s'adresse aussi à nous, qui sommes les membres de son corps et formons l'Eglise , à faire la promotion de l'amour du prochain. L'Eglise doit être le laboratoire où les enfants de Dieu donnent l'exemple de l'amour du prochain. L'amour du prochain comme soi-même doit être notre charte. Nous exprimons très peu notre attention et notre amour aux autres dans nos communautés. Nous avons lancé notre année pastorale sur le dynamisme communautaire qui s'exprime par l'attention des uns aux autres. Ne faisons pas de cet élan pastoral un voeu pieux. Que le prochain soit au centre de nos préoccupations communautaires. rendre visite aux malades et personnes âgées, s'entraider et partager des moments de convivialité, se valoriser les uns les autres, doivent faire partie des petits pas à poser pour rendre l'amour du prochain concret.
Ne faites pas aux autres ce que vous n'aimeriez pas qu'on vous fasse. Ah ! Si toutes ces personnes qui orchestrent ces guerres et ces barbaries pouvaient s'approprier ces commandements ! Ont-ils, un jour, pensé que l'amour d'une mère pour ses enfants est différent de celui de leur propre mère ? Ont-ils imaginé que la perte d'un être cher reste toujours une séparation rude ? Savent-ils que le sang de tout être humain est rouge ? Il y a tellement d'incongruité qu'on arrive à se demander si nous sommes tous des humains car il ne s'agit pas seulement d'en avoir l'apparence.

Père Giles N'GORAN

Dimanche 27 octobre 2024
QUE JE VOIE !

Le monde dans lequel nous vivons est rempli  de surprises et de belles choses. Sommes-nous capables de les voir et de les contempler ? Nous avouons, sans risque de nous tromper, que cet exercice est un peu difficile puisque nous sommes assaillis, jours et nuits, par des nouvelles qui font état d'un monde qui va mal. Nous sommes presque habitués aux calamités au point où il est facile de voir des pétitions pour la défense des animaux alors qu'on massacre des humains par dizaine de milliers avec la complicité du grand silence de la majorité. Les écrans ont réduits notre champ de vue. Tik Tok, Facebook... ont assiégé nos coeurs et ont anéanti notre capacité à voir l'essence des choses qui nous entourent. Il est difficile, voire impossible, de lever la tête et de voir le monde autrement que ce que nos nouveaux maîtres nous imposent. Dans ces conditions, comment se vanter de ne pas être aveugle ? Peut-on vraiment contempler les merveilles de la création ?
Dans l'Evangile de ce dimanche, l'aveugle prend la résolution, en résistant à tous ceux qui s'opposaient à son projet, de briser les chaînes de son asservissement. Il appelle Jésus au secours. Le fils de Timée veut que le fils de David ait pitié de lui et le guérisse de sa cécité. Voilà une ambition claire dont on parlait dimanche dernier. Sommes-nous prêts à imiter cet aveugle de Jéricho ?
En vérité, il n'est pas facile de se libérer de cette nouvelle mouche tsé-tsé qui rend aveugle notamment ces nouveaux moyens de communication. Combien de personnes sont-elles dans l'addiction chronique des réseaux sociaux et ne le savent pas ? Elles ne croient plus ni en l'amitié vraie, ni en la famille réelle. Leur vie est exposée à longueur de journées au regard de ces amis et familles fictifs. Rien ne compte autour d'eux à part se sentir exister dans un écran. Un peu surprenant quand même, non ? Combien d'enfants, de jeunes, 

et même d'adultes ont les yeux et les doigts abimés par l'usage abusif des claviers  et des écrans ? Peut-on dénombrer les familles et les amis désunis à cause de la naissance d'android en leur sein ? Tout tourne à peine au ridicule, quand dans les restaurants, en famille ou en communauté, on déjeune tous avec chacun son smartphone en main. L'intérêt pour voir le plus proche n'est plus à l'ordre du jour.
Il n'y a pas plus aveugle que celui qui ne voit qu'à travers son écran. Encore faut-il qu'on prenne conscience de notre cécité pour crier à l'aide au Fils de Dieu comme Bartimée : "Fils de David, prends pitié de moi... que je retrouve la vue".

Père Giles N'GORAN

Dimanche 20 octobre 2024
DES AMBITIONS CLAIRES

De nos jours, avouer clairement ses ambitions n'est pas du tout aisé. Tout simplement parce que nous avons peur des réactions de ceux qui nous écoutent. Comment les prennent-ils ? Comment nous jugent-ils ? Les fils de Zébédée, Jacques et Jean en paient les frais avec les autres disciples. Leur seul tort devant les autres, c'est d'avoir avoué clairement leurs ambitions, qui du reste est très noble, siéger l'un à la droite et l'autre à la gauche du Seigneur quand il sera dans sa gloire. L'amour qu'ils ont pour le Christ ne les fait pas calculer le risque de l'engagement qu'ils prennent. Combien sommes-nous à énumérer les soucis et les difficultés quand nous sommes sollicités pour des services dans l'église ? Les enfants, les petits enfants, les loisirs, la liberté ont été les adversaires féroces du Christ dans nos vies. Nous saluons la détermination de ses deux disciples intrépides que même Jésus a eu du mal à "déboulonner".
Oui ! des Jacques et des Jean, nous en avons besoin dans nos communautés. Ce sont eux les bénévoles et volontaires qui tiennent et soutiennent nos églises. Nous avons besoin de connaître les ambitions des uns et des autres afin de les responsabiliser efficacement. Quant aux autres disciples blottis dans "l'humilité dormante" à qui l'on ne peut rien demander puisque rien de dominant ne les caractérise, que pouvons-nous en tirer ? Ah ! ces éternels derniers qui rêvent d'être les premiers sans avoir à bouger de leur siège !
Ne nous leurrons surtout pas ! Les derniers dont parle le Christ, ce sont les premiers au rendez-vous du service de leurs frères. Non ! Jésus ne fait pas dans cet évangile l'apologie des indécis impénitents et des paresseux. Il nous invite plutôt à être premiers au service de nos frères et soeurs.

Père Giles N'GORAN

Dimanche 13 octobre 2024
RICHESSE, FARDEAU POUR LE CIEL ! ?

Un grand révolutionnaire africain du 20ème siècle revendiquait d'avoir deux bibles : une pour les pauvres, une pour les riches. Selon lui, de toute évidence, le commentaire et la compréhension du riche seront toujours différents de ceux du pauvre. Pour le riche qui est bien rassasié et qui est en bonne santé, il n'est pas évident qu'il ait la même compréhension du verset du psaume 21 "Le seigneur est mon berger, je ne manquerai de rien" que le pauvre. Pendant que ce verset du psaume est une réalité pour le riche, le pauvre quant à lui, l'a aux niveaux des rêves. Que dire de l'esclave qui subit les pires injustices de son maitre qui lui chante à longueur de journée "d'aimer son prochain comme soi-même" ? 
Le Christ touche en ce dimanche un aspect important de notre être-chrétien : l'avoir. Est-il possible de posséder des richesses et de suivre le Christ ? La réponse serait-elle catégorique comme celle que Christ nous enseigne ? Nous n'osons pas trop nous avancer sur ce terrain au risque de voir nos chrétiens s'en aller tristement comme ce jeune homme, qui tout de même n'a pas aussi tort que cela puisse paraître. Ce jeune homme riche est le symbole de nous tous qui tenons encore aux biens matériels et les plaçons au dessus de Dieu. Combien de nous refusent la messe du dimanche (rendez-vous hebdomadaire pour sanctifier le jour du Seigneur) au profit des travaux champêtres, des loisirs, des bistrots ? Oui, il nous l'a dit : "là où il y a ton trésor, là aussi est ton coeur". Nos richesses sont malheureusement parfois les motifs de refus de la main de Dieu qui vient à notre rencontre. 
Nous voulons tous être de bons disciples sans toutefois perturber nos conforts. C'est d'ailleurs plus agréable d'être chrétien sans se poser trop de questions.  En vérité, pendant qu'on demande au riche de tout abandonner pour suivre le Christ, le pauvre , quant à lui, prie pour être riche afin de faire face à ses besoins. 
"Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as, donne le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis moi." A qui s'adresse-t-elle cette invitation austère ? 

Père Giles N'GORAN

Dimanche 29 septembre 2024
QUI N'EST PAS CONTRE NOUS EST POUR NOUS

Faut-il exclure du champ pastoral certaines personnes ? La question mérite d'être posée parce qu'il existe beaucoup de messagers qui se réclament du Christ.  Nous avons l'église catholique, l'église orthodoxe et l'église protestante avec tous ses démembrements. Tous, sans douter, annoncent la bonne nouvelle de Jésus-Christ pour le salut du monde.
Devant cette évidence, force est de constater que ces différentes églises, parlant au nom du même Christ, ne s'entendent pas. Il n'y a que de l'animosité entre elles et parfois des querelles inutiles laissant ainsi de côté l'essentiel du message du Maître. A part les quêtes sur lesquelles ces églises s'expriment avec beaucoup d'ardeur et de concurrence dans les pratiques pour soutirer le maximum de fric, rien ne les unit. Ils s'embourbent tous dans le le mépris des uns et des autres. Il n'existe aucune issue pour s'écouter et se comprendre. Chaque église croit détenir la vérité et se croit le seul détenteur du Christ et de la vraie doctrine. Ainsi nous avons ceux qui se proclament être universels (catholiques), d'autres contestataires (protestants), d'autres encore propriétaires du Christ (évangéliques). Tous s'accordent pour les quêtes au cours de leurs célébrations au nom de Jésus, mais pour l'unité en Christ, c'est la division qui est prêchée.
Les textes de ce dimanche sont clairs : on ne peut pas se réclamer du Christ et prospérer dans le mépris et la division. Nous devons oeuvrer à la communion entre disciples du Christ. Ses vrais disciples ne se reconnaissent que par une seule doctrine, celle de l'AMOUR. A quoi servent toutes ces querelles stupides conduisant inutilement au mépris des uns et des autres ?
Nous sommes tous invités à aller au large. Il y a encore des brebis qui ne sont pas dans l'enclos. C'est vers eux que nous sommes envoyés et non contre ceux qui annoncent Jésus-Christ.

Père Giles N'GORAN

Dimanche 22 septembre 2024
LA SOIF DES GRANDS. 

"Qui veut être le plus grand doit être le plus petit parmi vous". Cette phrase du maitre retentit avec beaucoup de joie dans notre coeur parce qu'elle est de Lui. Cependant ce serait nous faire illusion de faire croire qu'elle épouse nos aspirations profondes. Nous sommes formés et éduqués à viser haut. Depuis l'école maternelle, nos parents se contentaient plutôt du rang qu'on occupait parmi les autres que des moyennes. Même quand nous avons à nous raconter, nous avons coutume de nous présenter comme majeur de promotion ou de classe plus qu'autre chose. Cela est inscrit de façon indélébile dans l'ADN des hommes que nous sommes. Pourquoi tout cela ? Tout simplement parce que le regard de l'autre est très déterminant dans la vie de chacun. Notre apparence nous vaut en grande partie l'estime des autres. Malheureusement les petits ne comptent pas pour grand chose à cette échelle de vision. Alors, qu'on le veuille ou non, nous sommes attirés par ce qui est grand (grande gloire, grande voiture, grande maison, grand confort, grand coffre fort, grand compte en banque...). En soi, ce n'est pas du tout mauvais d'avoir de grandes ambitions sinon le monde sombrerait dans une monotonie déconcertante. Oui, il faut des grands dans nos société pour alimenter nos désirs et les élever car sombrer tous dans la médiocrité pour simuler une certaine envie de rester petit n'est pas non plus un idéal.
Les textes de ce dimanche nous invitent à la grandeur dans l'unité. Il n'est pas question ce cette grandeur aux ambitions démesurées qui piétinent les faibles et narguent les pauvres. Les textes fustigent ces grands qui spolient les orphelins et engrangent tout pour eux. Etre grand, ce n'est pas seulement la possession et la domination. Etre grand, c'est voir grand et savoir mettre l'homme au centre de tout, car "l'homme n'est rien sans les hommes. Il vient dans leurs mains et repart dans leurs mains", disait un sage de Golikro.
La grandeur en Dieu, c'est celle qui relève le faible et valorise le petit. Le grand n'est pas celui qui lutte contre les autres, mais c'est bien  celui qui lutte contre ses démons intérieurs.

Père Giles N'GORAN

Dimanche 15 septembre 2024
LE CHRETIEN ET LA SOUFFRANCE 

Le Thème qui ressort des textes de ce 24ème dimanche du temps ordinaire de l’année B, est celui de la souffrance surtout dans la 1er lecture et l’évangile.
Mais en fait, qu’est-ce que la souffrance ? Apparemment la souffrance telle que perçue et vécue dans la 1ère lecture, nous présente une souffrance dans sa dimension positive, alors que celle décrite dans l’évangile est très mal perçue surtout avec Pierre, qui n’accepte pas que Jésus son maitre puisse souffrir, après qu’il ait pour la première fois dévoilé, qu’il faille qu’il souffre et meure.
Pourtant ce que veulent dire les textes, c’est que c’est dans la souffrance que l’homme ressent la présence de Dieu. Et c’est après la souffrance, vécue dans la persévérance, l’endurance et l’espérance que l’homme qui l’a vécue a accès auprès de Dieu. La première lecture dit elle : « Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats, le Seigneur mon Dieu vient à mon secours ».
En effet, la souffrance devrait pouvoir renforcer notre lien d’intimité avec le Christ, qui ne nous abandonne jamais puisqu’il a connu la souffrance avant de connaitre la gloire. C’est ce qu’il a fait comprendre aux disciples.
Avoir en conscience la notion de la souffrance, c’est prendre conscience de nos états de faiblesse, de péché et d’imperfection.
Dans ce cas, pourquoi ne pas placer toute votre confiance en Dieu ?  pourquoi ne pas espérer en Jésus Christ, qui nous précède dans la souffrance et dans la gloire ?  il est important que chacun de nous, déjà fasse parler sa foi par ses œuvres, comme nous le recommande Saint-Jacques ; et ensuite savoir vraiment qui est Jésus pour nous par la profession de notre foi sincère, comme Pierre : « tu es le Christ ». Ce sont là surement les chemins de notre justification et de notre gloire avec le Christ. Puisse la grâce de Dieu venir à notre aide.

Père Michel KOUASSI

Dimanche 8 septembre 2024
N'AYEZ PAS PEUR , NE CRAIGNEZ PAS !

"Ne craignez pas !". Il est répercuté dans notre première lecture une parole de Dieu qu'on retrouve tout au long de la Bible. Dès lors que Dieu lui même vient sauver les hommes , il leur faut bannir la peur.
Alors s'ouvriront les oreilles des sourds et la bouche du muet criera de joie. Cette prophétie se réalise littéralement dans la guérison d'un sourd-muet rapporté par l'évangile de Marc. Nous sommes en présence d'une catéchèse baptismale centrée sur l'écoute de la parole (les oreilles) et la confession de la foi (la langue).
Entendre et parler : l'appel s'adresse à nous , qui avons souvent les oreilles obstruées et la langue étrangement nouée. Nous prêtons une oreille complaisante à des balivernes, mais nous n'entendons pas les cris de détresse des nécessiteux, des pauvres, qui nous demandent pour vivre, etc ... Nous sommes intarissables sur des sujets scabreux mais frappés d'aphasie devant la violence et l'injustice.

Père Michel KOUASSI

Dimanche 18 aout 2024
LE CORPS ET LE SANG DU CHRIST DONNENT LA VIE ETERNELLE.

Depuis quelques temps, Jésus insiste sur l'importance du pain de vie, contenu de ses discours. Il se révèle comme le Pain de Vie. Les discours qui ont tant semés le doute dans l'esprit des juifs ses auditeurs.
Aujourd'hui, en ce 20ème dimanche, il lève le doute, en déclarant ouvertement : "Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n'avez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et moi je le ressusciterai au dernier jour".
En réalité, Jésus nous invite à participer tous les dimanches, les jours de fête et les solennités , aux  célébrations eucharistiques, lieu par excellence où il se donne à nous. C'est l'occasion d'attirer notre attention sur notre relation 

avec Lui, avec l'Euchariste. Faisons donc attention à notre attitude vis à vis de ce sacrement qui est vu comme le sommet de la vie chrétienne. Combien de baptisés n'ont plus de contact avec ce sacrement, ce trésor ? Combien de baptisés ne fréquentent plus les églises ? Notre ambition pour participer aux célébrations eucharistiques est-elle limitée aux repas matériels qui ne rassasient que notre corps ? Regardons nos ancêtres de l'Ancien Testament, ils ont mangé ce pain matériel et ils sont morts. Mais celui qui mange le corps du Christ et boit son sang vivra éternellement.
Puisse Dieu nous aider par la grâce à le comprendre pendant que nous sommes en vie de plain pied dans le terrain du pèlerinage terrestre.


Père Michel KOUASSI

Dimanche 11 aout 2024
JESUS PAIN DE VIE .

Dimanche dernier au 18ème de l'année B, Jésus s'identifiait comme le pain de vie : "Moi je suis le pain de vie, celui qui vient à moi n'aura jamais faim; celui qui croit  en moi n'aura jamais soif".
Après cette affirmation de Jésus, en ce 19ème dimanche , les contestations vont bon train quant à la filiation de Jésus. Ses adversaires ne voient en lui aucune filiation divine. D'où être le pain de vie. Nous constatons là nettement  un problème avec l'incarnation. Il est homme c'est tout,  

né d'un homme et d'une femme comme tout être humain. Et d'ailleurs ils connaissent son père Joseph et sa mère.
En  réalité ceux ci n'étaient pas encore disposés dans le coeur, dans l'ame, et dans l'esprit à le comprendre. Car pour le comprendre, il faudrait bénéficier d'une grâce particulière venant de Dieu : être attiré par Dieu son père, être appelé par Dieu son père. C'est à dire écouter ses enseignements et recevoir de lui le pain du ciel.
Ainsi, dans le sacrement de l'eucharistie, le père et le fils agissent de concert. Le Père attire à Jésus le fils et Jésus le fils conduit au père.

Père Michel KOUASSI

Dimanche 21 juillet 2024
MERCI A TOUS .

Après quelques mois d'activités dans le champ pastoral où nous avons tous fait de notre mieux pour que rayonne la face de notre Eglise, le temps est venu de marquer une pause et apprécier le travail accompli.
Au cours de cette année pastorale, en harmonie avec notre équipe d'animation pastorale, nous avons essayé, de notre mieux, de tracer quelques sillons pour une communauté d'amour forte et belle. Nous n'allons pas ici sacrifier à la tradition qui voudrait qu'on énumère les activités menées. Notre objectif étant le  bien-être de la communauté paroissiale, nous résumerons notre bilan à cette question :
"Qu'ai je fait pour que le visage du Christ soit rayonnant ?"
Nous remercions toute la paroisse qui, dans son ensemble, fait beaucoup d'efforts pour être à l'image de la première communauté dont parle les actes des  apôtres.
Nous remercions également le choeur du Sacré Coeur qui nous fait l'honneur de partager ces instants de clôture des activités pastorales avec  nous.
Quant à votre curé, il souhaite à toutes et à tous de passer un agréable été dans la paix et dans la joie.
Bien fraternellement

Père Gilles N'GORAN

Dimanche 14 juillet 2024
PAS DE PAIN, PAS DE SAC ....

La sécurité existentielle est très importante pour nous assumer dans la vie. De nos jours, l'homme responsable c'est celui qui arrive à assouvir ses besoins d'aujourd'hui et garantir ceux de demain. De toute évidence, notre paix intérieure en dépend fortement. Comment dormir en paix quand on ne sait pas de quoi demain sera fait ? Voici pourquoi la course au gain matériel a une place de privilégié dans nos activités quotidiennes afin de mieux sécuriser notre futur.  Un grand homme des temps modernes ne disait-il pas de travailler beaucoup pour avoir beaucoup d'argent ?  Pour nous chrétiens, notre sécurité, c'est aussi le Christ car Dieu seul suffit comme nous l'enseigne sainte Thérèse d'Avila.
Pour Jésus, l'urgence de l'annonce de l'Evangile ne doit pas s'encombrer de soucis d'ordre matériel. A travers les consignes données aux apôtres, il dit à chacun de nous de ne pas s'inquiéter quant aux affaires de nourritures. En effet, il y a une faim plus grave que celle de la nourriture du corps. Il s'agit de la faim de la bonne nouvelle dont souffre de façon lancinante le monde. Oui ! il y a urgence ! il faut pallier au marasme spirituel par l'engagement sans appel de tous les chrétiens à s'engager dans la distribution du pain évangélique.
Le Christ envoie son église en mission à travers ses apôtres pour annoncer la bonne nouvelle qui est le pain de vie. Il nous rassure de l'accueil que le monde va nous accorder. Il nous demande de ne pas avoir peur puisque ce n'est ni une croisade ou encore moins un djihâd. L'annonce de la bonne nouvelle se fait avec la force de l'esprit et non celle des muscles : "si dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez..." Le Christ a besoin de tous pour que le pain évangélique soit distribué à toute la terre. Le monde et les chrétiens sont vivement invités à soutenir cette action à travers les appuis que l'église vous demande. Par conséquent, nous devons participer activement au paiement du denier du culte, aux quêtes, aux offrandes... Malgré la dureté du monde, Jésus nous envoie vers lui : "je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups". S Jésus fait confiance aux loups, alors combien de fois ferait-il confiance aux chrétiens que nous sommes ?
La vie de l'église est dans nos mains.

Père Gilles N'GORAN

Dimanche 7 juillet 2024
D'OU CELA LUI VIENT-IL ? 

Qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, toujours est-il que les auditeurs de Jésus se sont interrogés sur Lui. Certainement il ne disait rien en dehors de la Torah mais plutôt il le disait autrement. Les écritures soulignent qu'il parlait en homme qui avait autorité. "cet autrement" fera la différence entre lui et les autres prédicateurs. Dans "cet autrement", il séduit, secoue, étonne, choque, ... ses auditeurs qui s'obstinent à ne vouloir voir en lui que le fils du charpentier. Oui, c'est ce regard réducteur qui veut toujours restreindre l'autre à ses faiblesses et dont nos familiers ont de la peine à se départir. Dieu ne choisit pas que des héros  pour sa mission, bien au contraire il choisit des "zéros" et en fait des héros ou des hérauts de la Bonne Nouvelle. La peur de ce regard des autres met mal à l'aise beaucoup de prédicateurs de nos jours. La peur de leurs faiblesses les a réduit à une fausse humilité à tel point que le Christ est annoncé timidement avec une tiédeur déconcertante. La prédication est faite avec tellement d'emphases et d'ambiguïtés que ces moments au cours de nos messes sont pour certains le temps privilégié de sommeil ou d'évasion intellectuelle. Il n'est pas rare de voir des fidèles sortir d'une messe sans savoir de quoi l'on a parlé. Est-ce l'auditoire qui n'a pas une grande capacité d'écoute ou le prédicateur qui est ennuyeux ou peu convaincant ? A ce sujet, le Pape François exhortait, à juste titre, les prêtres à cesser d'être des somnifères pour le peuple au cas où ce ministère leur serait pénible. Il vaudrait mieux opter pour un silence éloquent qui parlerait mieux qu'un bavardage creux. Les textes de ce dimanche nous invitent à mettre notre fierté dans ce qui fait notre faiblesse.  C'est le Christ que nous annonçons et non notre "pauvre être".  C'est Lui qui parle en nous, alors ne le muselons pas dans la peur avec nos fragilités. Ce n'est pas nous qui prêchons l'Evangile, c'est bien le Christ qui le prêche en nous, pour paraphraser Saint Paul. N'ayons pas peur !

Père Gilles N'GORAN

Dimanche 30 juin 2024
"TALITHA KOUM" 

Ils sont nombreux à se demander si le bonheur est vraiment de ce monde ou du moins, s'il existe, ils ne l'ont jamais rencontré. Il s'agit de ces personnes qui vivent des situations dramatiques telles que leur vie a une apparence de lutte interminable. Combien sont-ils à jeter l'éponge et confier leur destin ou leur sort au désespoir ? C'est le cas de tous ces malades à qui on révèle qu'on ne peut plus rien faire et dont on programme le rendez-vous imminent avec la grande faucheuse. Nous faisons aussi allusion à tous ces désespérés de la vie qui n'ont trouvé qu'ultime consolation dans l'isolement, la drogue, l'alcool, le suicide...
En ce dimanche, le Christ descend dans les sillons de nos vies et s'engage à écrire avec chacun, de façon spéciale, une nouvelle et belle histoire. En effet, ne le perdons pas de vue, la soit-disant fin de notre histoire peut être le début d'une nouvelle aventure avec le Christ. Chez nous à Golikro, les sages disent que "tant que nous marcherons, nous balancerons toujours les bras". Comme quoi, avec le Christ, notre vie est comme une aventure avec des rebondissements incroyables. C'est pourquoi il faut rester vigilant afin d'éviter de sombrer dans le désespoir.
Comme à cette femme qui perdait du sang, et à la fille de Jaïre, Jésus veut redonner un nouveau souffle de vie à chacun de nous. Il dit à chacun de nous :
Talitha khoum ! Relève toi de cette rancune qui a supprimé ton frère ou ta soeur de ton coeur, de ta vie et de ton environnement intérieur comme extérieur.
Talitha khoum ! Redonne vie à ce frère ou à cette soeur qui n'espère que de toi le pardon.
Talitha khoum ! ressuscite cette amitié que tu as jeté au panier des oubliettes à cause de la dureté de ton coeur.
Talitha khoum ! Lève toi et donne toi une chance de vivre et d'être heureux.
Talitha khoum ! Simplement, ose te lever.

Père Gilles N'GORAN

Dimanche 23 juin 2024
NOUS SOMMES PERDUS : CELA NE TE FAIS RIEN ? 

Quelquefois dans nos vies tout semble s'acharner contre nous. Nous avons l'impression d'être perdus et que la vie nous ait fermé ses faveurs. Nous nous sentons abandonnés de Dieu et la vie n'est pas du tout belle. Tout s'agite négativement autour de nous et rien ne nous réussit. Ce sont, malheureusement, les tempêtes de la vie que chacun de nous a plus ou moins expérimentées. Ceci peut se traduire par la mort d'un être cher, par la perte d'un emploi, par le manque de goût de vivre ou par le harcèlement des échecs à tel point qu'on peut se sentir perdu.
Devant les adversités et face aux vents contraires qui, parfois, nous déstabilisent, que faisons-nous ? Les réactions sont aussi différentes les unes que les autres. Il y a ceux qui se laissent abattre, ceux qui se battent et aussi ceux qui se débattent. Les plus féroces s'en prennent à Dieu et entrent en rébellion contre Lui en Lui reprochant son manque de soutien. Comme quoi, la traversée de la mer agitée par la tempête n'est pas aussi aisée que nos vies prises dans les étaux du tourment. Nous rêvons tous d'une vie calme et apaisée. C'est justement pour répondre à ce besoin que Jésus invite ses disciples à s'éloigner de la foule. Autant l'agitation des mers peut nous perturber, autant la foule peut aussi nous perdre. Certes, si ne pas savoir où l'on va est excusable, il n'en est pas de même pour celui qui ne sait pas d'où il vient. Nous sommes enfants de Dieu et à chaque instant, il nous tend la main. Encore faut-il qu'en pleine tempête, nous sachions l'appeler et saisir la main qu'il nous tend. 
Comme les apôtres, saurions-nous réveiller à temps le Christ pour venir à notre secours lors des tempêtes ? Trop souvent, nous ne comptons que sur nos propres forces en oubliant qu'à deux, on est fort et qu'avec le Christ on fait des prouesses. L'Evangile de ce dimanche nous demande de faire du Christ un acteur de nos vies et non un dormeur au fond de la barque. Sachons réveiller, à chaque instant, Celui à qui le vent et la mer obéissent.

Père Gilles N'GORAN

Dimanche 16 juin 2024
A QUOI COMPARER LE REGNE DE DIEU ? 

Un grand penseur se disait être blasphémateur et non athée parce qu'il ne voyait pas en quoi consiste le règne de Dieu. Pour lui, c'est impossible de parler de Dieu et de son règne au regard de tous les malheurs qui accablent le monde. Où est-il Dieu et son règne quand des guerres fleurissent de partout et que la misère et le malheur gouvernent en maître absolu sur notre terre ? Comment justifier la mort des innocents telle que celle des enfants ? Bref ! les interrogations de ce genre nous assaillent de partout et c'est tout à fait normal. Devant la souffrance te la misère, nus sommes en droit de chercher refuge dans le saint nom de Dieu et rêver de demeurer dans son règne.
En effet, le règne de Dieu ne se décrète pas par ordonnance divine. Il est complexe et insaisissable ; c'est pourquoi le Christ multiplie les exemples pour en faire l'illustration. Le règne de Dieu ne s'impose pas comme une cité fortifiée avec une armée et des remparts pour garantir une vie et un bonheur éternels à tous. Pour  ce qui est du bonheur éternel, là où il n'y a plus ni larme, ni douleur, il suffit d'être patient puisque personne n'y échappera.
Le Christ, à travers cet Evangile, nous invite à être porteur et messager du règne de Dieu. En toute simplicité, commençons par le reconnaître que le règne de Dieu, c'est là où Dieu règne, et là où Dieu règne, nous sentons aisément la présence des fruits de l'esprit dont la paix, la joie, l'amour...
Dieu habitera notre terre et y règnera lorsque nous lui ouvrirons les portes de nos coeurs et lui permettrons d'établir sa demeure chez nous. N'a t-il pas dit : "voici que je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu'un entend ma vois et m'ouvre, je rentrerai chez lui, je prendrai mon repas avec lui et lui avec moi". Comme quoi, le règne de Dieu commence avec toute personne qui Lui ouvre sa porte. L'homme qui a la présence de Dieu dans son coeur ne peut que fleurir et être un havre de paix où il ne fera que bon vivre. Le règne de Dieu ne s'établit qu'avec l'aide des hommes. La grandeur de Dieu, c'est d'avoir laissé le choix à l'homme de choisir son règne ou non. Au demeurant, c'est l'homme qui choisit de faire la guerre sinon Dieu a donné une portion de terre à tous les habitants du monde qu'il a créé. "Ubi caritas et amor, Deus ibi est " ( là où règnent l'amour et la charité, Dieu est présent). 

Père Gilles N'GORAN

Dimanche 9 juin 2024
LA DIVISION, L'ARME FATALE DU DEMON 

Nous tendons vers la fin de l'année pastorale qui va se solder par les différents bilans. Nos attentions seront portées largement sur les activités que nous avons menées. Nous prenons parfois plaisir à nous féliciter d'avoir respecté tous les engagements que nous avons pris. C'est l'autosatisfaction d'avoir été bien guidés par son agenda. Cette victoire de l'organisation est louable car il n'est pas du tout facile de respecter un planning avec toutes les contingences de la vie. Cependant, il ne serait pas inutile de se demander si c'est vraiment cela l'essentiel ? Nous saluons les belles programmations mais nous tenons aussi à souligner qu'une paroisse est loin d'être une entreprise commerciale. Les bilans de fin d'année ne se font pas sur les taux d'intérêt et les quantités d'actions menées.  Le résultat de tout investissement paroissial, humain comme spirituel doit avoir pour seul objectif l'épanouissement et l'unité des chrétiens. En effet, la paroisse est avant tout une communauté de vie. L'unité doit être la boussole de toutes les paroisses car le Christ l'a bien signifié : "si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut pas tenir". A quoi sert-il de mener beaucoup d'activités si les paroissiens vivent dans la division ? Le plus déplorable, c'est quand nous constatons des fronts ouverts sur des paroisses avec des affronts réels entre le curé et les fidèles ou entre les fidèles eux-mêmes. Comment justifier ces belles oeuvres tenues dans une rigueur d'un beau planning si l'aboutissement est la division ? L'Evangile de ce dimanche nous invite à croire en l'unité sous la motion du Saint Esprit afin de faire luire la face du Christ non pas  dans l'activisme mais plutôt dans l'unité. En vérité, l'unité est un autre nom de Dieu. Nous prierons pour toutes les communautés, les familles, les presbyteriums .... désunis.

Père Gilles N'GORAN

Dimanche 26 mai 2024
LE BAPTEME , PARLONS-EN ! 

Grand engagement pour se retrouver en famille autour d'un nouveau né pour passer un moment de fête, le baptême est ainsi défini. C'est choquant, certes, comme définition mais pas du tout faux puisque dans les actes c'est ce qu'on fait et ce qu'on vit. Plus de 75% des parents qui demandent le baptême pour leurs enfants ne le font pas nécessairement dans l'optique d'en faire des disciples du Christ. D'ailleurs, la catéchèse autour du baptême ne les intéresse pas du tout sinon comment justifier le choix d'un parrain ou d'une marraine non chrétien(ne), s'il ou elle n'est pas athée. De toutes les façons, Dieu est amour et il suffit d'aimer pour que le tour soit joué. Nous sommes dans un relativisme criard qui justifie et confond tout. Ce sont les lignes de la nouvelle ère qui bougent mais pas forcément dans le bon sens.
En vérité le baptême est bien plus qu'un simple alibi de retrouvailles. c'est un sacrement (signe visible de la présence de Dieu) important qui nous incorpore au Christ. Pour rappel élémentaire, le baptême efface le péché originel, il fait de nous membre de l'église, il nous donne accès aux 6 autres sacrements, il nous dispose à la grâce. Le baptême n'est pas non plus un gris-gris dont on se sert pour échapper aux amertumes de la vie. D'ailleurs c'est la croyance de beaucoup de parents quand on leur demande pourquoi ils veulent faire baptiser leurs enfants. La réponse la plus courante, c 'est pour qu'il soit protégé. C 'est vrai en soi mais il n'est pas faux de souligner que le baptême n'a pas d'effet gris-gris. A travers le baptême, c 'est Jésus qui nous donne accès à sa vie par amour. Voilà ce que nous offrons à nos enfants quand nous acceptons de les faire baptiser ou quand nous acceptons d'être baptisés. 

Alors pourquoi vivre aux rives d'une telle source de grâce et refuser de s'en abreuver ? Le Christ, à travers cet Evangile, nous invite à revenir aux fondamentaux : "Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. Allez ! de toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je serai avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde ".
Ca, c'est le contrat de l'amour divin ...

Père Gilles N'GORAN

Dimanche 5 mai 2024
LE TESTAMENT 

Le grand message que Jésus a laissé dans son testament pour ses disciples est l'amour. "Aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimés" leur a-t-il dit. C'est à cela que nous, ses disciples devront être reconnus; transpirer la bonne odeur de l'amour enseigné par notre Seigneur dans le monde. C'est une prescription dont nous devons faire usage sans modération.
Aujourd'hui, quand nous jetons un regard sérieux sur notre monde, nous avons bien du mal à croire que cette règle d'or de notre seigneur règne en maître. Un peu partout c'est la désolation. des guerres par-ci et des divorces par-là au nom de l'amour pour sa patrie ou pour soi. Les familles explosent et les nations s'affrontent comme si l'exemple de l'amour n'a jamais été démontré sur cette terre. Nous avons connu deux guerres mondiales et nous vivons comme si nous étions en quête d'une troisième. L'amour s'est davantage transféré sur notre capacité à inventer des armes au nom de notre progrès technologique. Les morts sont évalués en dizaine de milliers sans que cela ne choque la conscience populaire. Que vaut la vie face à l'amour des armes ? Par amour pour son peuple, on tue d'autres peuples comme s'il existait des vies supérieures et des vies inférieures. De partout, il n'est fait que l'éloge et l'apologie des engins de mort. Nous n'irons pas jusqu'à dire que notre monde va mal ! Cependant nous pouvons nous demander, à juste titre, où est passé l'amour ? Le monde fait peur et nous avons vraiment peur. Il y a eu un regain de repli extraordinaire sur soi au point où l'autre n'existe presque plus. Même au cas où il existerait, il ne bénéficie pas forcément de l'amour dont il a droit conformément aux indications de notre Seigneur.
Le Christ, dans l'Evangile de ce jour, nous invite à nous aimer comme il l'a fait. C'est sa vie qu'il a donnée pour les autres et non celle des autres qu'il a sacrifiée pour sa gloire. Il nous parle de l'amour qui est don de soi pour les autres. Il n'est pas question de s'aimer les uns sur les autres, encore moins les uns contre les autres et pas davantage les uns pour soi. Il n'est pas non plus question d'être des théoriciens de l'amour mais d'en être des pratiquants comme Jésus nous l'a appris. Cet exercice n'étant pas des plus facile, il doit nécessairement demander de l'assiduité et de l'endurance, car, en vérité, il est plus facile de parler de l'amour que de le vivre comme le Christ le veut. Il est plus facile d'aimer tout le monde que d'aimer une personne. Nous avons le testament dans nos mains et on ne peut prendre possession de l'héritage qu'en nous aimant les uns les autres comme nous l'a enseigné le Maître.

Père Gilles N'GORAN

Dimanche 28 avril 2024
LA VIGNE ET LE SARMENT 

"En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire" . Déclaration de Jésus à ses disciples qui nous interpelle profondément sur notre relation  avec Lui. Où en sommes-nous ? Comment être avec Lui pour ne pas se dessécher ?
Aujourd'hui "l'être avec le Christ" s'est tout simplement transformé en action humanitaire ou caritative. Faire du bien autour de soi et distribuer un peu d'espérance et de joie par le biais de quelques biens matériels suffisent largement. On aura à ce titre beaucoup d'associations caritatives qui portent pompeusement des titres chrétiens sans s'inspirer du Christ. Beaucoup de personnes aujourd'hui se donnent bonne conscience au nom de toutes les actions humanitaires qu'elles posent dans le monde. Lorsque nous leur demandons parfois de rendre compte de leurs actions menées pour éviter telle ou telle catastrophe, la réponse n'est pas toujours aussi éloquente que l'énumération de celles posées. Nous soulignons que ces actions sont toutes à saluer car un verre d'eau donné à ces pauvres, c'est au Christ que cela est fait.
Tout en saluant ces bonnes oeuvres, l'Evangile de ce dimanche nous invite à nous rattacher au Christ. L'église pour cela nous a laissé les sacrements pour la rencontre avec Dieu. Les sacrements sont les signes visibles de la présence de Dieu parmi nous. Il faut s'en approcher pour être rattaché au Christ.
Pour rappel, il y a 7 sacrements : le baptême, l'eucharistie, la confirmation, la réconciliation, l'onction des malades, le mariage et l'ordre. C'est à travers ceux-là que le chrétien puise les forces nécessaires pour porter du fruit dans le monde. En vérité, de nous-mêmes, nous ne pouvons rien. Ce sont les sacrements qui donnent un sens à nos actes. Il ne suffit pas seulement de faire, sinon ce serait de l'activisme sans inspiration. Ne l'oublions pas, Il est la vigne et nous, les sarments.

Père Gilles N'GORAN

Dimanche 21 avril 2024
LES PRETRES , VOS PASTEURS !

Notre Eglise en France traverse une crise grave de son histoire en général et spécialement celle du déficit de prêtres. C'est un sujet qui visiblement intéresse tout le monde puisque tout le monde donne son point de vue. Des plus érudits aux moins dégourdis, ils ont leur potion magique qu'ils servent à tous ceux qui les écoutent : "si les prêtres se mariaient cela changerait la donne. Il y a trop de solitude dans le sacerdoce et ce n'est pas du tout fun de vivre dans cet état". Vrai ou faux ? Nous ne saurions répondre d'autant plus que pour être présent à la messe il est autorisé d'y être avec sa femme et ses enfants. Même là, le résultat n'est pas du tout reluisant. Donc on peut conclure aisément que le problème n'est pas à ce niveau. Le sacerdoce est bien différent d'un boulot d'entreprise. C'est avant tout un don de vie au Seigneur.
Nous avons besoin de bergers pour conduire nos communautés. Sans prêtres, la communauté s'épanouit difficilement. Les résultats sont là devant nous depuis que nous avons regroupé les paroisses. Les communautés n'existent que les dimanches avec la présence éclair du prêtre. Si nous analysons de près, nous verrons que les communautés sont plus vivantes que là où elles ont des prêtres résidents en permanence.
Aujourd'hui, la machine antéchrist l'a si bien compris qu'elle s'attaque à la tête puisque de toute évidence, c'est ainsi que le troupeau se dispersera. Que constatons-nous ? nous assistons à une campagne de dénigrements à outrance des prêtres, les faisant passer pour la pire espèce de l'humanité. Ils sont élus à tort ou à raison comme favoris des scandales de tout genre. De l'intérieur comme de l'extérieur, c'est de la persécution au point où nous avons des pasteurs timorés. Ils ne peuvent plus donner la position de l'évangile devant les grands enjeux de l'existence. Leurs prises de position sont proclamées par les laïcs lors des prières universelles. Un prêtre, ça pêche au large et non dans l'aquarium. Peut-on encore se présenter fièrement comme prêtre dans  cette nouvelle civilisation ? Oui ! Cependant il faut avoir un sacré courage. A vrai dire, dans cette ambiance nauséabonde, comment l'appel de Dieu peut-il avoir un écho favorable dans le coeur des jeunes devant tant d'ignominies ? On ne peut pas vouloir des prêtres en crachant sur ceux qui malgré tout ont franchi le pas. 
Le prêtre, c'est notre ami et notre confident. Il est en même temps notre père et notre fils. Un prêtre est avant tout un homme et il a aussi besoin des hommes. Il a un coeur et a besoin d'aimer et d'être aimé. Un prêtre n'est pas le plus beau ou le plus intelligent. C'est celui qui malgré ses faiblesses a fait le pari, comme Pierre, de suivre Jésus et le servir jusqu'au bout. Hélas ! C'est ce prêtre que votre curé n'arrive pas à incarner. 
Aimez vos prêtres et utilisez les. Plus on les utilise, moins ils s'usent.

Père Gilles N'GORAN

Dimanche 14 avril 2024
UN ESPRIT N'A PAS DE CHAIR NI D'OS !

S'il y a bien un sujet délicat dans notre Eglise, c'est bien celui de la résurrection. Nombreux sont les chrétiens qui croient au Christ excepté l'épisode de la résurrection. Pourtant, c'est bien cet événement qui est la source et le fondement de notre Foi. Saint Paul, à juste titre, nous rappelle que notre foi est vaine si le Christ n'est pas ressuscité. 
En fait, qu'entendons nous par résurrection ? Il s'agit de notre Seigneur Jésus Christ qui est vraiment mort et sorti du tombeau le troisième jour après avec  son corps et son âme. Cet événement est un fait nouveau et inadmissible pour la conscience humaine. Depuis l'histoire de l'humanité ces genres de faits ne courent pas les rues car c'est la mort qui met fin à notre pèlerinage terrestre Il n'est pas dit, encore moins écrit nulle part, que les morts ressuscitent, alors nous pouvons bien comprendre la crainte et la frayeur des apôtres quand le Christ s'est présenté en implorant sur eux la paix. C'était un moment de grande confusion. Surement que dans leur esprit la confusion s'était emparée d'eux. Est-ce un revenant, un fantôme ou un esprit ? A vrai dire, on a plus ou moins entendu parler de ces phénomènes mais personne ne souhaite en rencontrer. Les apôtres n'ont pas manqué de preuves si la foi ne dépendait que de cela. Il a bien fallu que le Seigneur ouvre leur intelligence à la compréhension des écritures pour les éclairer sur ce qu'ils voient et vivent à l'instant. Comme quoi les faits seuls ne suffisent pas pour comprendre. C'est l'occasion de rappeler l'importance de la catéchèse dans l'Eglise. C'est grâce à elle que nous vivons notre foi dans une cohérence éclairée. Sinon à quoi cela sert-il de faire baptiser un enfant quand on n'a pas la volonté de lui enseigner les rudiments de la foi de l'Eglise. Un chrétien c'est aussi celui qui peut rendre compte de sa foi et cela ne s'improvise pas.
Nous savons que Jésus est ressuscité et nous le savons par la foi car sa résurrection n'est pas de l'ordre des démonstrations scientifiques. Néanmoins nous sommes éclairés par les prophéties énumérées dans les écritures. Encore faut-il avoir la force et l'envie de les lire ! Voici ce que disent les écritures au sujet du Christ : "Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu'il ressusciterait le troisième jour d'entre les morts, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jerusalem. A vous d'en être les témoins." Le croyons-nous ? C'est de cela qu'il s'agit.

Père Gilles N'GORAN

Dimanche 7 avril 2024
NON JE NE CROIRAI PAS !

Comme curés, nous sommes vivement interpellés dans les tabacs sur le silence de Dieu devant les difficultés que certaines personnes traversent. Dieu m'a fait trop de mal pour que je vous rejoigne à l'église, s'indignent-elles. Il y a aussi celles qui veulent croire à condition que Dieu guérisse leur père qui souffre d'un cancer du pancréas. Ce qui est surprenant, il n'est pas rare de constater par leur tête, ces personnes ont un âge très avancé. Parfois, on a bien envie de leur demander à quel âge prendraient-elles rendez-vous avec la sagesse pour comprendre que c'est une grâce divine de connaître son père à cet âge-là. Comme quoi, les preuves de l'action de Dieu dans nos vies sont à profusion pourvu qu'on veuille les voir en regardant dans la bonne direction.
A travers l'Evangile de ce dimanche de la miséricorde divine, l'épisode de Thomas nous montre que la recherche des preuves n'est pas un fait nouveau pour renforcer notre Foi. Jésus a répondu favorablement à la demande de Thomas en se révélant à lui en chair et en os. De tous les apôtres, Thomas fut le seul à avoir fait cette grande profession  : "mon Seigneur et mon Dieu". On ne peut pas s'empêcher de souligner que les petits signes de la présence de Dieu dans nos vies nous aident énormément à aller de l'avant. Cependant, il est important de préciser  que ce ne sont pas les signes qui sont le but de notre Foi. Auquel cas, cela nous conduirait à des dérives où l'on assiste à des cultes avec des pasteurs faiseurs de miracles  et les chrétiens chercheurs de prodiges. Notre appartenance au Christ va bien au-delà de ces petits calculs existentiels. 
Comme à Thomas, Jésus dit à chacun de nous: "cesse d'être incrédule, sois croyant" . Il est là au coeur de nos vies et c'est lui qui nous fait vivre. Dans nos peines comme dans nos joies, il est là. On peut comparer la Foi en Dieu à tout sauf à un deal. Il nous a aimés le premier sans aucune caution de notre part.  Le monde nouveau voudrait bien redéfinir un nouveau code de vie avec Dieu, où tout se négocierait en terme de troc. Si nous faisons ceci, Dieu nous ferait cela sinon ce n'est pas la peine de composer avec lui. C'est du chantage spirituel car l'amour de Dieu ne nous vaccine pas contre tout ce qui est inhérent à notre condition humaine comme la fatigue, la maladie, la mort ,... 
Non, je ne pourrai pas croire si un jour tout ce qui est humain m'était indifférent.

Père Gilles N'GORAN

Dimanche 24 mars 2024
L'HEURE DE GLOIRE

Comme nous l'enseignait un éminent professeur, chacun de nous a au moins 15 minutes de gloire dans la journée et cela se traduit de différentes manières dans nos vies. C 'est soit notre ego que nous flattons nous mêmes un peu plus au delà de la moyenne, ou , soit les autres qui hissent notre orgueil avec leurs compliments mielleux.  Sans risque de nous tromper, nous pouvons dire que nous avons plus ou moins vécu cette expérience dans notre vie. Il nous est arrivé de vivre comme si tout nous réussissait dan le monde. Tout le monde nous comprend et nous accepte malgré nos défauts et nos faiblesses. On a l'impression de voyager sur un petit nuage paisible jusqu'à ce qu'un évènement malheureux nous recadre dans la réalité. C'est le temps de gloire et chacun reçoit sa part durant son existence. Un adage sénégalais le tend très bien en ces termes : "quand Dieu joue le tam-tam pour toi, il faut danser car demain, il jouera pour un autre". Oui ! c'est le temps de gloire qui ne dure pas 'ad vitam aeternam'. L'entrée de Jésus à Jérusalem nous donne de scruter cette heure de gloire que chacun de nous a sans doute expérimenté dans sa propre vie. Ce jour là, comme nous le constatons, plus rien ne comptait pour ce peuple. Seul Jésus et ses volontés étaient les maîtres du jeu. L'ânon a été pris sur une simple information sans aucun gage. La seule réponse, 'Le Maître en a besoin" a suffi au propriétaire de céder l'animal. Cet ânon, pourtant l'Elu du jour, a eu lui aussi droit aux honneurs qui lui sont liés. Le fait d'avoir été couvert de manteaux en marchant sur d'autres devrait nous inspirer à peindre richement le scénario. La foule en liesse, scandait des "Hosannah" par ci et par là. Oui ! c'est aussi l'heure de gloire. Personne ne peut imaginer une fin catastrophique à la suite de cette entrée triomphale de Jésus à Jérusalem. Les mêmes aujourd'hui qui accueillent le Roi de gloire le rejetteront demain comme un paria de la société. A la question de Pilate, "vais je crucifier votre roi ?" la réponse est sans appel "nous n'avons pas d'autre Roi que l'Empereur". Cette fête des Rameaux doit être aussi la nôtre en comparaison à nos vies. Tant que l'Evangile sera lu et écouté comme un fait loin de notre histoire, il ne nous parlera jamais. C'est la parole de Dieu et elle est vivante. Il nous parle aujourd'hui comme il a parlé hier aux apôtres et aux disciples. Nous voudrions penser à toutes ces personnes, qui après un moment de gloire se trouvent rejetées par leur famille et ceux qu'ils ont aimé à cause de la maladie ou de la perte de leur situation sociale. Nous prions pour ces couples qui ont connu la joie du mariage et qui subissent durement le coup de la séparation.  Nous implorons la grâce de Dieu pour toutes ces personnes qui attendent l'heure de gloire ou leurs 'Rameaux' pour danser elles aussi au rythme du tam-tam divin.

Père Gilles N'GORAN

Dimanche 17 mars 2024
NOUS VOUDRIONS VOIR JESUS

Père ! Nous voudrions nous marier à l'église, ou bien nous souhaiterions faire baptiser notre enfant dans telle chapelle. Il y a aussi ceux qui désirent des funérailles à l'église dépouillées de tout ce qui est chrétien, c'est à dire l'Eucharistie, fondement de notre foi. Autrement dit, nous voudrions voir Jésus sans le rencontrer car on peut voir quelqu'un et l'admirer sans toutefois le rencontrer. C'est comparable à la volonté de toutes ces personnes qui demandent des sacrements à l'église comme si elles demandaient un service quelconque dans une entreprise. L'objectif, c'est le sacrement mais pas son contenu puisque ses effets restent de loin ce qu'elles désirent. En fait, elles demandent juste un service et nous leur proposons la foi, qui en vérité ne fait pas partie de leur projet de vie. Cela n'arrêtera pas de nous surprendre, nous les curés, quand parfois des fiancés, avec du chewing-gum à la bouche, demandent de faire vite la messe pour ne pas empiéter sur l'heure de l'apéro. Comme quoi, ces personnes nous demandent de voir le Christ et nous leur proposons de le rencontrer dans un acte profond de foi. De ce coté là, il y a encore du travail à faire.
Nous nous approchons de la fête de Pâques et quelle serait notre motivation ? Ressusciter avec le Christ ou le voir ressusciter ? Souhaitons nous faire le passage de la mort à la vie avec lui ou resterons nous de l'autre rive de la mer rouge ? Nous rappelons que Pâques veut dire passage. Il peut arriver que notre fête de Pâques se résume seulement à un bon agneau rôti et une course dans la cour à chercher des oeufs. On pourra appeler cela un défoulement pascal qui ne matérialise pas véritablement une bonne Pâques (passage).
Plus que de se faire voir, Jésus se présente et livre le contenu de sa mission. Il est venu pour sauver le monde par sa mort sur la croix en disant : "si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s'il meurt il porte beaucoup de fruit". Il est loin d'être une une oeuvre d'art de musée pour satisfaire une certaine forme de curiosité. Maintenant, mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? Père, sauve moi de cette heure ? mais non ! c'est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci. Père glorifie ton nom ! c'est ainsi que Dieu a appuyé son témoignage en disant : "je l'ai glorifié et je le glorifierai encore".
Voir le Christ est bien différent d'une visite de musée.

Père Gilles N'GORAN

Dimanche 10 mars 2024
LES CHRETIENS DISCRETS

Nous avons commencé notre Carême avec des consignes claires et précises, dans l'évangile de Mathieu, de vivre ce temps dans la discrétion et que Dieu, qui voit dans le secret, nous le revaudra. Partant de cette recommandation, le Carême devient une affaire strictement privée. Chacun le vit comme il le sent, dans la discrétion. Ici, il y a lieu de faire la différence entre être discret et briller. Car en ce 4ème dimanche, la recommandation est toute autre : celui qui fait le mal déteste la lumière, de peur que ses oeuvres soient dénoncées. Cependant, celui qui fait le bien vient à la lumière, pour qu'il soit manifeste que ses oeuvres ont été accomplies en union avec Dieu. On a bien l'impression que seuls ceux qui font le mal sont discrets. Nous faisons remarquer que le bien ne fait pas de bruit et que le bruit  ne fait du bien non plus.
En ce dimanche, l'occasion nous est encore offerte pour assainir notre marche vers Pâques. Point n'est besoin de faire de la discrétion une tare. On peut briller et rendre témoignage autour de soi dans la discrétion. Le chrétien discret n'est pas celui qui croit rendre témoignage devant ses frères en exaltant ses richesses acquises par la bonté divine. Ces chantres du succès social avec les mêmes refrains du type "j'étais... et depuis que je suis chrétien, je suis riche et tout marche bien pour moi".
Vivre avec le Christ n'est pas de l'ordre des artifices tapageurs. Etre chrétien, c'est vivre sa foi de façon à ce que quiconque nous voit vivre n'ait aucune raison de douter de la présence de Dieu. Un chrétien doit être plus contagieux que la Covid'19. Que personne ne nous approche sans avoir eu l'impression d'avoir rencontré le Christ. Nous sommes la lumière du monde et le sel de la terre. Si nous perdons ces propriétés de notre être chrétien, nous ne servirons plus à rien, comme le souligne l'évangile. Nous sommes chrétiens et nous n'avons pas à singer une autre façon de l'être que de suivre notre Seigneur Jésus.  Si nous vivons comme le Maître nous l'a enseigné, le monde nous reconnaitra comme ses disciples.
Finalement être discret ne veut pas dire "refuser de briller" au milieu de ses frères. Loin de là ! La discrétion dont l'évangile fait mention, c 'est la vie en vérité du chrétien qui ne s'encombre pas d'acclamations. Comme chrétiens, faisons ce que nous avons à faire et cela suffit.

Père Gilles N'GORAN

Dimanche 3 mars 2024
JESUS DANS MON TEMPLE !

Après avoir parcouru les hauts lieux de rencontres que sont le désert et la montagne, Jésus nous conduit au temple. Inutile de chercher ce temple en dehors de nous et d'espérer le retrouver en nous déportant vers nos basiliques, nos cathédrales ou nos églises. Le temple dont il est question, il s'agit de nos coeurs, lieu privilégié du Trône de Dieu.
Pouvons-nous faire l'état des lieux de ce coeur, sujet à toutes sortes de préoccupations et soucis humains, où Dieu a presque perdu le droit de cité ? Ce coeur de l'homme, en pleine mutation, devenu le champ favorable de toutes les distractions a-t-il un temps de ménage pour laisser une petite place à Dieu ? Tout y est exposé. Le tri et ménage, représentés pour nous par le sacrement de réconciliation, sont désormais relégués au rang des vestiges de la foi. Les confessionnaux sont devenus des meubles rappelant les vieilles pratiques d'un autre siècle. Sanctifier le jour du Seigneur fait partie des lois les plus banales pour le nouveau monde. Le choix est vite fait quand il est demandé aux enfants de choisir entre la catéchèse ou la messe et le sport. Il faut surtout souligner que la présence des enfants ou des petits enfants est mathématiquement synonyme d'absence et de non sanctification du jour du Seigneur. Que penser des divorces, des mariages de tout ordre et de tout genre ? Que dire à toutes ces personnes qui ont perdu l'habitude et l'usage des sacrements (signe visible de la présence de Dieu) ? Quoi penser de ces pasteurs, qui, dépassés par les évènements gardent le silence et se laissent guider par tout ce désordre ?
Le Christ vient à nous à travers ces lectures de ce dimanche pour nous interpeller comme il a fait hier dans le temple. Il ne sert à rien de parcourir le monde, de visiter les grands temples, si le notre n'est pas habité par Dieu. Ce temps de carême est pour nous le moment favorable pour rendre notre coeur accueillant. Soyons les premiers à visiter notre coeur avant l'arrivée du Christ. De loin, il est préférable soi même de faire son ménage que de laisser une tierce personne le faire. C'est ce ménage qui nous fera prendre conscience des défis qui nous attendent et nous aidera à prendre les décisions, surtout les meilleures pour un Carême réussi. Le Carême, c'est aussi accueillir le Christ dans son temple et faire le passage avec Lui. La marche continue. Courage ! 


Père Gilles N'GORAN

Dimanche 25 février 2024
ELEVONS NOTRE COEUR

Le temps de carême est un moment où les chrétiens prennent sur eux l'engagement de revoir leur ambition  spirituelle à la hausse. Cette vision les amène à se débarrasser de toutes les passions qui les entrainent vers les basses besognes. Saint Paul dans sa lettre aux galates parlera plutôt des passions de la chair. pour rentrer dans cette dynamique, il serait nécessaire de prendre de la hauteur en se détachant de toutes les lourdeurs qui nous clouent au sol. De toutes les façons, il n'a jamais été facile d'atteindre le sommet d'une montagne avec trop de fardeaux sur les épaules. D'ailleurs les difficultés et la souffrance qui en résultent nous conseilleraient, à juste titre, de nous en débarrasser. Malheureusement les habitudes font partie de ces lourdeurs et elles sont les plus teigneuses. Cela nous fait penser à un aigle contraint par une corde à partager le quotidien des poules de basse-cour. Nous vous parions que lorsque cette corde rompra, par habitude, cet aigle ne volera plus. Il en est de même dans nos vies. Observons qu'en moins de 20 ans, la puissance et l'habitude des écrans nous ont imposé un autre mode de vie surprenant ainsi tous ceux qui se sont endormis dans les vieilles coutumes. En un laps de temps, toutes nos valeurs ancestrales de vivre ensemble et de communication ont été reléguées aux archives de l'histoire. Sans androïd de nos jours, nous sommes perdus, ne serait-ce que pour se repérer dans le temps et dans l'espace.
Jésus, sur la montagne avec ses apôtres, nous invite à le rejoindre pour gouter à la douceur de sa présence.  Cette rencontre sur la montagne sera pour nous l'occasion d'écrire une nouvelle loi de vie en présence de Moïse et Elie. Le Carême n'est pas seulement  un temps d'efforts ou de privations alimentaires. Il peut être aussi vu comme un moment favorable pour expérimenter une autre façon de vivre sa foi. Voilà pourquoi pendant le Carême l'accent est beaucoup porté sur la conversion, c'est à dire vivre autrement selon la volonté de Dieu.
Après un séjour au désert, nous sommes invités au sommet de la montagne pour garder l'essentiel pour la marche. Restons concentrés sur la prière, le partage et la pénitence de manière à ce que ce temps de Carême impacte nos vies.

Père Gilles N'GORAN

Dimanche 18 février 2024
IL VIVAIT PARMI LES BETES SAUVAGES

40 jours dans le désert avec le Christ pour vivre une expérience extraordinaire. Nous savons d'ores et déjà que ce ne sera pas une partie de détente, d'autant plus que nous aurons à vivre parmi les bêtes sauvages. Quelles sont ces bêtes sauvages dont il est question ? Ce sont toutes ces habitudes et ces plis qui conditionnent et caractérisent nos vies. Ne nous leurrons pas, nous sommes des êtres en général guidés par des gestes répétitifs. Sinon comment nous expliquer le fait de déjeuner, souper ou diner sans avoir faim mais parce que simplement il est l'heure. Par exemple, on ne dit jamais, allons à table parce qu'on a faim mais plutôt parce qu'il est l'heure. Et il existe beaucoup d'exemples qui ternissent l'image de notre identité chrétienne. Pendant ce carême 2024, au lieu de nous engager dans des résolutions spectaculaires pour record d'avoir peu mangé, nous voulons mettre notre point d'honneur à lutter contre les bêtes sauvages. C'est dans cette ambiance et face à ces défis que nous seront appelés à camper le décor de notre séjour avec le Christ dans le désert.
Vivre avec les bêtes sauvages commencerait  d'abord par les identifier, les connaître afin de mieux vivre au milieu d'elles et pourquoi les combattre. Cependant, il arrive qu'on sélectionne malheureusement des bêtes dociles qu'on confond aux bêtes sauvages. Frères et soeurs, il est important de rappeler que se tromper d'adversaire serait se tromper de combat, ce qui nous détournerait du sens de la vrai lutte. Nous faisons un clin d'oeil à tous ceux et celles qui n'ont résumé leurs efforts de carême qu'à ne manger que du poisson le vendredi au lieu de la viande : une belle dorade farcie ou un bon saumon fumé ferait bien l'affaire. Attitude que nous qualifions à juste titre de jeûne 4 étoiles. Nous n'oublions surtout pas ceux et celles qui confondent le jeûne pendant le carême au régime alimentaire car nos privations doivent aboutir sur le partage. Le jeûne de carême ne se résume pas seulement aux affaires de nourriture. Il va bien au delà. Le carême doit nous conduire à nous retrouver avec nous même, et avec les autres, et avec le Christ. De grâce, s'il faut embarquer avec le Christ au désert pour être désagréables avec les autres et les terroriser au nom de l'effort de carême, il vaut mieux s'en abstenir.
En ces 40 jours nous seront invités à activer en nous la pénitence, le partage et la prière, attitudes mises trop souvent en veilleuse par la paresse, le découragement et le manque d'ambition. Quant à nous, à St Benoît en pays de serres, nous voulons mettre ce carême 2024 sous la bannière de la persévérance. Oui, prendre de petits engagements et veiller à les tenir au mieux.
BON CAREME A TOUTES ET A TOUS

Père Gilles N'GORAN

Dimanche 4 février 2024
MALHEUR A MOI SI JE N'ANNONCAIS PAS L'EVANGILE !

L'annonce de l'Evangile fait partie de l'ADN du chrétien. Par notre baptême, nous sommes associés au Christ comme Prophète, par conséquent l'annonce et le témoignage font partie intégrante de notre mission de chrétien.
Aujourd'hui, comment se présente cette annonce dans notre monde sujet à toutes les restrictions possibles et imaginables ? Restrictions qui nous imposent d'ôter les croix dans les écoles catholiques, de ne pas montrer les signes religieux dans les lieux publics, de ne pas parler du Christ quand il y a un seul dans la famille qui se réclame d'être athée. Ces différentes restrictions font que dans nos écoles, les jeunes ont honte de se montrer chrétiens au risque d'être raillés par leurs camarades. Nos prêtres, aujourd'hui, sont réduits dans leurs activités avec toutes ces lois qui éloignent les enfants. La catéchèse sécurisée avec les sacristies sous haute surveillance et les grandes précautions ont fini par tuer tout élan pastoral à l'égard des enfants et de la jeunesse. Annoncer l'Evangile est devenu une activité à haut risque vu les barrières à franchir afin d'exercer aisément cette activité. Comment enseigner la catéchèse aux enfants si les parents leur proposent de choisir entre les jeux et la Bonne Nouvelle ? Tout simplement nous sommes à l'ère de l'évangélisation aux couleurs du nouveau monde : "Ce que veut le monde, le veut Dieu aussi. Par contre ce que veut Dieu, le monde s'en fout". L'exigence évangélique est plus que jamais à géométrie variable et elle s'applique en fonction de celui qui l'annonce et de celui qui la reçoit. Les enjeux de la mission s'annoncent grands et à cet effet la détermination des chrétiens doit être élevée.
Saint Paul nous rappelle que c'est un devoir, pour nous chrétiens, de prêcher la Bonne Nouvelle au monde. Tous les enfants de Dieu sont invités à la conversion et doivent être acquis au Christ par l'écoute de l'Evangile. Il nous invite à être faibles avec les faibles, esclaves avec les esclaves et au besoin à se faire tout à tous pour gagner le plus grand nombre au Christ. Voici la mission qui s'ouvre à nous Chrétiens et il est interdit de dormir au premier rang. Nous sommes tous envoyés en mission pour l'annonce. C'est tout d'abord un témoignage qui révèle le chrétien comme un Evangile ouvert pour le monde.
Comme Jésus, Saint Paul nous invite à rendre accessible la Bonne Nouvelle à tous. Elle se proclame par ce que nous sommes et par ce que nous avons. Annoncer l'Evangile, c'est aussi savoir être avec les autres, c'est l'attention au quotidien accordée à ceux qui vivent autour de nous, c'est adresser la parole aux inconnus dans n os assemblées dominicales, c'est l'amour du Christ répandu dans le monde et rendu visible par la présence de ses disciples. Etre chrétien c'est être missionnaire de la bonne Nouvelle.

Père Gilles N'GORAN

Dimanche 28 janvier 2024
IL ENSEIGNE AVEC AUTORITE !

Notre monde en quête de douceur veut purifier notre langage pour bien chatouiller les oreilles. Cela nécessite de l'euphémisme dans le langage. Il faut désormais un langage plaisant qui n'oblige et n'engage personne. Nous dirions plutôt un langage impersonnel. Pour ce faire, certains termes sont à bannir comme autorité, obligation, force ... Que celui qui sait fasse mine de ne rien savoir, pour que les ignorants se sentent à l'aise. C'est une façon un peu hypocrite de s'inscrire dans une logique de médiocrité qui ne dit pas son nom. En vérité, s'il est vrai que l'ignorant doit faire moins de bruit, il n'est pas non plus normal que les sachants se taisent. Quand on sait, il faut le faire savoir. De plus en plus, on ne sait plus qui enseigne, qui reçoit et qui apprend. C'est dans ce contexte de nivèlement des compétences, du savoir et des moyens de transmission que le Seigneur nous parle en ce dimanche.
L'Evangile souligne que l'assistance de Jésus était frappée par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité. Il ne disait pas forcément ce que l'auditoire voulait entendre mais plutôt il enseignait la volonté de son père. Dans le deutéronome, Dieu promet la mort au prophète qui, par présomption, dirait une parole qu'il ne lui aurait pas prescrite.
A quoi assistons-nous aujourd'hui dans notre monde où c'est la souris qui donne des leçons de vie au chat ? Qu'annonce l'église, sel de la terre et lumière du monde, sous la pression des médias et du lobbying ? Où se trouve notre authenticité et où en est-on avec notre mission d'annoncer l'Evangile jusqu'aux confins de la terre ? Avec toutes ces nouvelles lois qui sèment le trouble et le désordre dans l'esprit de tous, de quelle autorité pouvons-nous jouir pour enseigner la Bonne Nouvelle ?
En ce dimanche, Dieu interpelle tous les messagers de la Bonne Nouvelle à revenir aux sources et fondements de notre foi. Nous ne sommes que des serviteurs inutiles et à ce titre, il ne nous a pas demandé de réinventer l'Eglise mais il nous a plutôt demandé de faire retentir la Boone Nouvelle jusqu'aux limites du monde avec AUTORITE.

Père Gilles N'GORAN

Dimanche 21 janvier 2024
CES PECHEURS D'HOMME !

Comme tous les hommes et femmes de leur génération, ils avaient aussi des ambitions et des projets. Ils étaient à la tâche avec leurs parents pour apprendre un  métier pour les uns ou à l'école pour les autres. Il n'était pas non plus exclu pour certains de fonder une famille. Chacun, comme ceux de leur génération, était sur le starting-block pour la course à la réalisation de ses ambitions ou celles voulues par leurs parents.
C'est au coeur de tous ces tourments de l'existence que le Seigneur, comme à ses apôtres, a appelé les missionnaires d'aujourd'hui. C'est le même Christ hier, aujourd'hui et demain. Il n'a pas changé. Il parcourt encore notre contrée et sillonne nos rues. Il appelle à tous les carrefours, au fronton de nos coeurs pour la mission car la moisson est abondante et les ouvriers sont peu nombreux. Ce n'est pas à nous de vous le rappeler puisque les faits parlent d'eux mêmes. Les paroisses se ferment les unes après les autres, non pas par soucis de fusionner et fédérer les communautés, mais c'est surtout par manque de prêtres.
Nous voulons aujourd'hui faire un clin d'oeil à ces prêtres, ces religieux et religieuses, à ces apôtres dont nous ignorons toute l'histoire et qui n'attirent notre attention que par la folie destructrice des mass media. C 'est dommage que, de nos jours, ces derniers ne soient révélés au grand public que sous la bannière des scandales. Ces hommes et femmes de notre temps, comme dans l'Evangile,ont sacrifié amour familial, abandonnant père et mère, culture et tradition, pour se mettre à la suite du Christ et s'orienter là où l'Esprit aura bien décider de les conduire. Cette mission noble qui s'exerce dans l'indifférence et parfois dans le mépris de nos contemporains mérite l'attention de tous. Il est temps, voire grand temps de valoriser "ces fous de Dieu" pour donner aux jeunes de notre temps de répondre à l'appel du Christ.
En ce dimanche où les textes nous donnent de réfléchir sur les différents appels à la mission, saluons tous les apôtres qui animent la présence du Christ dans notre monde. Des "pécheurs", en faire des "pécheurs d'homme" dans ce nouveau monde de grand relativisme n'est pas du tout aisé. Profitons de l'occasion pour prier pour notre Pape, nos Evêques, nos Prêtres, nos Diacres, nos Religieux et Religieuses.


Père Gilles N'GORAN

Dimanche 17 décembre 2023
LE SEIGNEUR VIENT !

Dites à ceux dont le coeur défaille : "courage et n'ayez plus peur". Bien au contraire, il vient pour guérir les coeurs brisés, proclamer une année de bienfait accordé par Dieu, son Père. C'est lui le prince de la paix que Jean Baptiste présente aux prêtres et aux lévites envoyés par les juifs. Comme les juifs, nous sommes aussi en droit de nous demander qui il est. En vérité, sans identification de celui que nous attendons, nous pouvons bien passer près de lui sans le reconnaître. En effet, il y a beaucoup d'apparences trompeuses qui nous empêchent de rencontrer vraiment le Fils de Dieu tel qu'il est. Il y a beaucoup de distractions en jeu. Des "Jean Baptiste", nous en avons dans notre société, à la seule différence qu'ils ne nous précisent pas qu'ils ne sont pas le Fils attendu. Tout part de la définition que nous nous faisons de la fête de Noël. Jean Baptiste n'est qu'une boussole qui nous montre celui que nous devons adorer. Il joue bien son rôle en précisant que ce n'est pas lui le messie attendu et qu'il faut se préparer pour l'accueillir.
Noël est certes Dieu qui vient à notre rencontre et nous nous devons de l'accueillir dans notre crèche. Où le voir et comment le reconnaître ? Isaïe et Jean Baptiste nous donnent des indices non négligeables à considérer. Pour nous, chrétiens des temps dits évolués, où pouvons nous le rencontrer, surtout que le Christ bercé dans les crèches des églises ne répond plus à l'attente de la majorité. Nous sommes de plus en plus portés vers des crèches discrètes où les symboles de notre foi doivent être absents pour respecter la foi des sans foi. Oui, nous en sommes là ! Les signes apparents du Christ sont blessants pour les adeptes d'une  laïcité pas bien comprise. Et pourtant à travers tous ces tumultes, il faudra bien le reconnaître. Ne le perdons pas de vue, notre coeur reste l'organe privilégié pour livrer le visa terrestre au Fils du Très Haut.
Les nouveaux "Jean Baptiste" qui sont les cadeaux, les retrouvailles familiales, la dinde et le champagne ont ravi la vedette à celui que nous célébrons. "Rien n'est gâté" comme on le dit sur les bords de la lagune Ebrié. Il suffirait que ces "Jean Baptiste" aient l'index tendu vers celui qui vient, car c'est Lui le lieu, le milieu et la raison de toute cette joie. Alors, soyons joyeux et prêts car il vient.

Père Gilles N'GORAN


Dimanche 10 décembre 2023
PREPAREZ LUI LE CHEMIN !

Depuis le début du mois de décembre, nous sentons réellement que le jour de Noël approche à grands pas. Rien qu'à constater le toilettage de nos villes et les guirlandes qui les illuminent, on ne peut pas ne pas s'en émerveiller.  Les magasins et les publicités y mettent de l'énergie pour que cet événement ne passe pas inaperçu. Ceux qui ont les moyens sont à la phase d'équipements. Car, en effet, qu'est ce que Noël sans un joli sapin et des cadeaux ? Les moins nantis, quant à eux, sont affairés à chercher des moyens pour sacrifier à la tradition. Ne le perdons pas de vue, Noël est davantage une fête familiale que l'accueil de Dieu-parmi-nous, pour la plupart. Alors, ce sont les grands débats sur l'inflation, la pauvreté et la cherté de la vie qui font surface au grand dam de l'annonce de la venue du Seigneur. C'est dommage que cette fête soit celle de la venue du Seigneur et qu'il soit véritablement le grand absent à tous les rendez-vous.
L'Evangile de ce dimanche nous invite à la préparation et attire notre attention sur l'essentiel de notre investissement.. Comment nous préparons-nous ? Comment capitalisons-nous nos énergies ? Jean Baptiste veut nous sortir des apparences brillantes pour un vrai accueil de Dieu qui est à la porte de notre coeur et qui frappe. Il nous exhorte à embellir notre coeur à la hauteur des guirlandes extérieures. Pour lui, que Noël soit vraiment l'accueil du Fils de Dieu qui vient rejoindre notre humanité en général et chacun en particulier. Il s'agit plutôt de la disposition de nos coeurs qui doit être la première crèche que le christ doit squatter.
Préparer le chemin, c'est aussi ouvrir nos coeurs et y faire le ménage pour le nouveau-né, symbole de toutes les fragilités humaines. A vrai dire, qu'est ce que Noël si tout notre dynamisme ne se limite qu'à manger, boire, danser et dormir ?
Préparer le chemin, c'est davantage s'ouvrir au pardon, à la réconciliation et au partage. 
Sûrement, c'est là qu'on le verra.

Père Gilles N'GORAN


Dimanche 26 novembre 2023
DIEU EST LA DEHORS  !

Après une année liturgique passée avec Saint Matthieu, nous allons nous préparer à embarquer avec Saint Marc. Avec lui, une autre façon de marcher à la suite du Christ s'ouvrira à nous. Frères et soeurs, apprêtons nous à recevoir ce nouveau compagnon de marche avec beaucoup de dynamisme.
Nous avons certainement été satisfaits de ce que nous avons vécu avec les piqures de rappel sur le style et la méthode de Saint Matthieu. Nous l'avouons, c'était agaçant mais pour le bien de tous. En effet, que ne supporterions nous pas pour le Christ ? Nous sommes déjà engagés dans cette pédagogie catéchétique et personne n'en sera épargné. Oui, "mon peuple périt faute de science". Ici, nous périrons pour abus de science. Frères et soeurs, que notre détermination à la découverte du Christ ne faiblisse point mais bien au contraire, qu'elle s'accroisse et fasse de nous des lumières sur le chemin des hommes.
L'Evangile de ce dimanche s'offre à nous comme un conseil. Point n'est besoin de chercher Dieu autre part qu'à travers ceux qui vivent autour de nous. Loin de toutes les théories de charités chrétiennes, Dieu se rend accessible à travers toute personne indigente ou tout être qui est dans le besoin. Nous l'avons longtemps cherché dans l'inaccessible, dans l'impossible voire dans l'extravagance. Pour nous éviter des surprises désagréables au jour du jugement, il nous révèle sans ambage son vrai visage. C 'est dans les petits riens de l'existence qu'il se révèle à nous. Saurons-nous, dans notre communauté, le reconnaitre à travers toutes les fragilités qui nous entourent ?
Dans ton amour infini, Seigneur, ouvre nos yeux à tes merveilles et donne nous de te reconnaitre là où tu es difficilement perceptible. Seigneur ! Tu es là au coeur de nos vies et c'est toi qui nous fait vivre. Seigneur ! Donne nous de te reconnaitre en toute circonstance, car aussi à travers les riches, tu manifestes aussi ta présence.
Bonne fête du Christ Roi de l'univers.

Père Gilles N'GORAN


Dimanche 19 novembre 2023
PERE ! QU'EN S'APPROCHANT DE MOI
LES HOMMES S'APPROCHENT DE TOI

Il y a 32 ans de cela, au séminaire moyen déjà, j'appréhendais ce qu'allait être cet engagement à la suite du Christ. Affronter 10 années d'études pour se former humainement, intellectuellement et spirituellement. Tout ceci pour mieux répondre aux exigences de la mission future que le Christ voudra bien me confier. Jeune et plein de rêves, je vivais déjà, dans cet être fragile que je suis, le jour où j'élèverai la coupe du salut au milieu de mes frères pour le monde. Avais-je tout compris ? Sans doute que non ! Cette période de formation passée, voici 22 ans que j'essaie de répondre du mieux que je peux à cet appel qui doit se renouveler chaque jour.
22 ans c'est comme une heure qui passe dans la nuit de Dieu. Personnellement, je les vis comme 22 ans de fidélité du Seigneur à mon égard. C'est aussi 22 ans de balbutiements, de tâtonnements à la suite du Grand Maître et pourquoi pas, de délices dans le Seigneur avec vous. En 22 ans, tout ce que vous aurez pu apprécier en moi serait sans doute le reflet d'un geste, d'un sourire, d'un soutien, d'une attention, d'une espérance, d'une paix, d'une sérénité que chacun de vous m'aurait transmis.
Aujourd'hui, je suis avec vous conformément aux exigences de la mission loin de ma terre natale et de tous ceux avec qui j'ai partagé une bonne partie de ma vie sacerdotale. Certains ont rejoint la maison du Père et font partie certainement des habitants de la cour céleste et d'autres, comme des guetteurs, veillent aux portes de l'espérance attendant le retour du frère parti. Je sais que mes frères et soeurs partis trop tôt m'assistent toujours. En ce jour anniversaire de mon ordination, je leur confie mon sacerdoce et leur renouvelle tous les engagements qu'ensemble nous avons pris, résumés dans cette devise qui, pour moi, est un projet de vie. "Père ! qu'en s'approchant de moi, les hommes s'approchent de toi".
Merci à vous tous qui rendez mon sacerdoce joyeux. Le Seigneur qui voit dans le secret ce que vous faites pour son serviteur vous le rendra bien au-delà de vos espérances.

Père Gilles N'GORAN

Dimanche 5 novembre 2023
PREMIER ET DERNIER  !

Le premier arrivé est le premier servi. Il s'agit de voir comment l'on se dispute dans les rangs devant les guichets de paiement. Qui est arrivé le premier ? Qui mérite d'être servi en premier ? Notre société ne valorise que les premiers. Nous avons été éduqués depuis l'enfance dans cette ambiance de compétition. Nos parents regardaient à peine nos moyennes. C'était le rang occupé qui faisait office de norme d'appréciation de notre travail. Oui, être le premier a des avantages et rend admirable. De toutes les façons on est premier pour être visible de tous.
Le dernier par contre, loin d'être assimilé à de l'humilité est le perdant. Le dernier de la classe n'est pas sûrement le plus humble mais plutôt le moins nanti intellectuellement. Le dernier de la société n'est pas, de toute évidence,

le meilleur exemple à conseiller à ses enfants. Nous aimons être au-devant de tous et apprécions d'être cités en exemple aux yeux des autres. Ce n'est pas du pharisianisme, c'est de l'ordre de la nature humaine. Car, si cette ambition d'exalter le meilleur de nous-même s'éteint, nous laisserons à nos enfants un monde médiocre. Nous voulons demander à Jésus : à quoi rime-t-il d'envier la dernière place alors que l'intention primaire est d'occuper la première ? Est-ce une stratégie pour être toujours le premier ?
Le Christ nous appelle à l'humilité qui est une saine appréciation de sa juste valeur : ni trop pédant, ni éteint non plus. L'on peut parfois rester dans l'ombre dans l'espoir d'être révélé à la lumière et moisir dans son trou sans que personne ne pose le geste salutaire attendu. Et parfois, bien malheureusement, on en sort qu'aigri faute d'avoir été exposé comme on l'aurait souhaité.
L'Evangile nous invite à plus de simplicité et d'humilité, qui sont aussi une forme d'intelligence, d'anticipation et de stratégie. Avec un petit sourire, nous voulons rappeler que, si l'on reste toujours à la dernière place dans l'église avec des appareils auditifs défaillants et une sonorisation défectueuse, on sera toujours le seul à ne jamais bien entendre. Cette attitude peut bénéficier de tous les qualificatifs sauf celui de l'humilité. Etre humble, c'est reconnaitre qu'avec l'age on entend mal et par conséquent, c 'est plus judicieux de choisir une place convenable que d'être au dernier banc. Ca, c 'est de l'humilité pratique et utile.


Père Gilles N'GORAN


Dimanche 29 octobre 2023
LE PLUS GRAND COMMANDEMENT  !

Aimer Dieu de toutes ses forces est le plus grand commandement qui puisse exister. C'est d'ailleurs le plus facile à exécuter  car l'amour de Dieu est un peu platonique et moins exigeant. Les réactions divines n'étant pas spontanées, elles donnent plus de marges pour la repentance. On le remarque aisément car il fait pleuvoir autant sur les méchants que sur les bons. Il laisse prospérer l'impie comme le croyant et ne foudroie pas les mécréants comme nous sommes  parfois tentés de l'espérer. Regardons toutes ces méchancetés gratuites autour de nous traduites par des guerres stupides qui, on le croirait, bénéficieraient de la caution de Dieu. Sans faux-fuyants, nous sommes  parfois déstabilisés devant le silence du Grand Barbu. Et dire que toutes ces atrocités sont pour la plupart commises en son nom et pour sa gloire. Quelle est la place du prochain dans toutes ces violences ? A en croire ces aventuriers hasardeux e Dieu, le Divin ne serait pas capable de se défendre lui-même si c'était vraiment nécessaire de le faire.
 Quiconque prétend aimer Dieu qu'il ne voit pas et n'aime pas son prochain qui vit auprès de lui est un menteur, le martèlera Saint Jean dans sa première lettre C'est le prochain qui met notre amour pour Dieu à l'épreuve puisque Jésus lui-même s'est identifié aux pauvres (mendiants, prisonniers, étrangers...). Sinon, à quoi sert-il de parcourir tous les lieux de spiritualité si c e n'est pour aller à la rencontre du prochain ? La communauté humaine est le lieu d'expérimentation de notre vie avec Dieu.
L'Evangile nous invite aujourd'hui à mettre le prochain au coeur de nos activités spirituelles. Le Christ fait un clin d'oeil à tous ces hommes et femmes qui aiment parfois plus l'église que leurs foyers. Il s'adresse à toutes ces personnes qui ne croient en l'amour qu'en dehors de leur pré : anges avec les inconnus et démons avec les plus proches. Il n'épargne pas tous les couples dont les conjoints ont perdu la douceur de la proximité. Il s'adresse aux paroissiens qui n'ont de prochain que ceux des communautés éloignées. Il demande aux prêtres de s'aimer entre eux que de faire de grandes théories sur l'amour car le prochain c'est celui qui est vraiment à côté.
Curés ! aimez vos fidèles de toutes vos forces.

Père Gilles N'GORAN


Dimanche 8 octobre 2023
MA VIE, VIGNE DU SEIGNEUR 

Toute vie est précieuse devant la face du Seigneur. Elle est traitée comme un vigneron prend soin de sa vigne. En comparaison, c 'est ainsi que le Christ prend soin de nos vies à travers les sacrements. On peut simplifier cela en stipulant que les sacrements sont les outils que le Seigneur a laissés à ses ouvriers, pour prendre soin de son champ qui n'est rien  d'autre que nos vies.
L'image est belle mais, aujourd'hui, elle ne rend pas compte des réalités de notre monde hyper évolué. Nous pleurions de ce que la moisson était abondante et que les ouvriers étaient peu nombreux. Cependant, force est de constater que non seulement les ouvriers sont de moins en moins nombreux et bizarrement le champ les refuse. Quand nous arrivons à constater dans notre nouveau monde que c'est la souris qui intimide le chat, c'est qu'il y a matière à cogiter. Car non seulement les ouvriers sont maltraités et le maître rejeté. Que signifie le Christ, l'Eglise, la communauté pour notre nouveau monde ? Les nouvelles religions du loisir rivalisent sévèrement avec nos célébrations eucharistiques. Nos messes, lieu de rendez-vous avec le Maître, restent de l'ordre des choses à éviter et parlent peu à cette 'nouvelle créature humaine'. Sinon qu'est ce qui justifie qu'on refuse la messe lors des célébrations de mariage ou de sépulture ?  Pourquoi la présence réelle du Christ n'est plus souhaitée ou désirée ? Qu'on le veuille ou non, la réalité saute à nos yeux : l'entretien spirituel ne fait plus partie de nos priorités. Pas rare d'entendre les parents s'inquiéter pour les loisirs de leurs enfants, sans toutefois se soucier de leur équilibre spirituel. Ils avouent sans gêne aucune qu'ils feront ce qu'ils voudront concernant leur vie quand ils grandiront.
En toute sincérité, il n'est pas facile de prendre soin du champ du seigneur qui n'est rien d'autre que nos vies. Les préoccupations de l'âme et la vie abstraite, comme la spiritualité sont remplacées par l'Android. Le champ est en vrac et c'est Tik Tok, Facebook... qui ont pris le contrôle de notre âme. Le champ est envahi de mauvaises herbes. Le règne de Dieu est-il toujours parmi nous ? Oui ! Point besoin d'en douter, cependant les ouvriers doivent redoubler d'effort. Le Christ à travers cet évangile nous invite à prendre soin de nos vies. Ne l'oublions pas, notre vie est le champ du Seigneur.

Père Gilles N'GORAN


Dimanche 30 avril 2023
JE N'AI PAS VU DIEU
J'AI RENCONTRE UN HOMME DE DIEU  !

Nous vivions dans cette petite commune de Sakassou à l'écart au quartier 'Mission'. Mission parce qu'il a été construit par les missionnaires SMA (société des missions africaines) d'alors et la paroisse est sous le patronage de Notre Dame de Fourvière. J'ai su plus tard que les missionnaires SMA qui venaient en Afrique faisaient un stage à Notre Dame de Fourvière à Lyon.  Lors d'un passage dans cette charmante ville, j'en ai profité pour visiter la basilique et faire la connaissance de cette dame qui m'a toujours accompagné sans l'avoir jamais rencontrée.  La mission était habitée par les enseignants et leurs familles dont la mienne, les religieuses carmélites missionnaires et les prêtres. La vie était rythmée par les travaux champêtres, les jours de congé et de vacances, les études pendant les jours d'école et les jeux, les chants, la catéchèse, le service d'autel. Quartier habité par 12 enseignants, nous formions une belle communauté de destin. Nous avions 12 papas, 12 mamans et plus d'une centaine de frères et soeurs. Notre éducation était l'affaire de tous. Tout parent avait le droit de corriger tout enfant comme si c'était le sien sans risque de représailles de qui que ce soit.  Au contraire, il valait mieux garder le silence que d'en parler aux parents au risque de voir la mise doublée. Oui ! C'est cette enfance qui me fait rêver et me donne à réaliser fortement ce qu'est le paradis perdu. Trinquons à la mémoire de Charles Baudelaire, ce grand poète, qui n'avait pas manqué de nous le signifier quand nous étudions la littérature française.
C'était dans l'ambiance de cette cité qu'a surgi un visage que tous ceux de ma  génération n'oublieront jamais : Don Sacco Claudio. Les autres l'appelaient Père Claude et nous 'Mon Père'. Homme plein de talents (organiste, guitariste, compositeur, chanteur, conteur),  il a conquis le coeur des enfants que nous étions. Ma génération se souviendra des enseignements sur les textes bibliques avant les répétitions de service de l'autel que nous illustrions par des dessins. Nous chantions les récits bibliques et je lui dois une grande partie de ma culture religieuse et mon amour pour les écritures saintes. Nous rappellerons avec un petit sourire quand, les samedis, il rassemblait toute l'école dans l'église pour nous enseigner des chants accompagnés de l'orgue qu'il jouait si bien. Tous les matins, la mission se réveillait au son de l'orgue... Nous étions des petits princes sans le savoir. Qui ne voulait pas être à ses côtés dans la R4 pour les célébrations dans les villages environnants.
Les vacances du Père Claude en Italie étaient un grand bouleversement pour nous. Que ferions nous sans lui ? Avec  lui, tout avait un sens. Quand je revois le gazon de la cour de la paroisse, je frémis de joie car c'est aussi l'ouvrage de mes mains. C'est le Père Claude et les enfants d'alors que nous étions qui avions laissé nos empreintes. A travers ce récit, les séminaristes que j'ai eus comme stagiaires comprendront pourquoi je tiens à ce qu'ils posent des gestes qui parleront d'eux demain. Son retour des vacances nous tenait tous à coeur, car les petits cadeaux étaient au rendez-vous. Je revis les souffrances que nous avons du infliger à ce brave homme. Nous attendions devant sa porte et n'étions jamais saturés. A peine les bonbons distribués que nous sommes de retour car nous avions vu le paquet non vide. Quand aujourd'hui je vois tous ces enfants me renvoyer l'ascenseur, je me dis toujours, c'est le père Claude qui me fait un clin d'oeil. C'est dans ces conditions que Dieu est venu à moi.
Nous étions les disciples inconditionnels du Père Claude. J'étais certes à l'église tout le temps. Etait-ce pour Dieu ? Aucune idée ! Pour le Père Claude ? Ah oui ! Lui, il était tout pour moi. C'est lui qui m'a donné le goût des choses de Dieu. J'étais tellement fasciné par lui que déjà au CE2, quand on nous demandait ce qu'on voulait faire plus tard, je répondais 'prêtre' ; parlerais-je de vocation ? je n'en suis pas si sûr. Plutôt, je parlerais de 'devenir comme le Père Claude'. Ce désir a été le tourment de toute ma vie jusqu'à nos jours.
En 1985, à la fin de sa mission, le Père Claude a rejoint l'Italie, son pays et j'étais resté marqué par cet homme qui fut mon ange Gabriel. Son départ m'avait beaucoup affecté et j'avais eu un grand moment de flottement surtout que le nouveau curé ne voulait plus de nous comme servants d'autel pour la simple raison que nous prenions de l'age. C'était Don Levis Alfredo, ami du Père Claude. Ce n'était plus la même chose. C'était d'un autre style et une autre forme de gentillesse qui ne cadrait pas avec mes attentes. Il fit à peine 2 ans et retourna en Italie au chevet de sa mère souffrante. Je l'avais rencontré plus tard en Italie et j'ai découvert un homme formidable. C'est alors que j'ai compris combien j'avais été aveuglé par la splendeur du Père Claude. Je ne voyais que lui et ne jugeais que par lui. Apprenons à accepter chacun tel qu'il se présente à nous... La différence est une richesse. A son départ, lui avait succédé Don Virginio de Martin avec qui j'avais pris rapidement attache et lui avais fait part de mon désir de devenir prêtre. Il avait accueilli favorablement mon intention et m'avait orienté vers le groupe de discernement des vocations. Dans ce groupe, nous faisions des weekends de vocation à Bouaké avec le frère Romero, religieux mariste qui nous avait suivis et encadrés. Avec son entremise et sous sa houlette, je fis mon cycle secondaire du lycée aux moyens séminaires de Yopougon et de Katiola en côte d'Ivoire et les grands séminaires de Brin (Ziguinchor) et de Sébikhothane (Dakar) au Sénégal. Le parcours ne fut pas simple. Déjà en deuxième année au moyen séminaire de Yopougon, nous commettions une gaffe en buvant le vin de messe au cours d'une soirée récréative. Cet acte d'une gravité exceptionnelle nous avait valu beaucoup d'inquiétudes et de menaces. D'ailleurs c'est ce qui milita pour mon transfert au séminaire de Katiola.
Avec cette renommée de buveur de vin de messe, la vie n'avait pas été aussi simple que je la raconte aujourd'hui. Le recteur du nouveau séminaire (Katiola) qui m'avait accueilli, ayant appris les charges qui pesaient contre moi, m'avait certifié qu'il userait de tous les moyens à sa disposition pour mettre un terme à ma vocation. Cela avait été pour moi, un moment de relâchement car les carottes étaient cuites et il fallait se trouver un autre angle de vie. Je ne le dirais jamais assez : "si Dieu dit oui, qui peut dire non ?". Il écrit toujours droit avec des lignes courbes pour nous signifier que c'est lui qui appelle. En cette année-là les résultats du baccalauréat avaient été catastrophiques. Un taux de réussite de 13% sur l'étendue du territoire national, et contre toute attente, j'étais parmi les six admis du séminaire. Buveur de vin de messe certes, mais peut être pas buveur de son cerveau ! Cette réussite extraordinaire pour certains avait renoué la confiance avec ceux qui entretenaient quelques petits doutes sur ma vocation. Mon évêque d'alors, feu Mgr Vital Komenan Yao, homme ouvert et délicat m'avait redonné à nouveau sa confiance en m'orientant au grand séminaire de Brin au Sénégal. Cette belle expérience avait couté 7 années merveilleuses de questionnements, de tâtonnements et d'hésitations jusqu'au 17 novembre 2001, jour de mon ordination sacerdotale. Il n'est pas du tout aisé de répondre à l'appel de Dieu car on ne se sent jamais prêt et on ne se le sentira jamais. C'est d'ailleurs ce qui fait la beauté du sacerdoce : on ne s'y engage pas par la vigueur de ses poignets ou de sa poitrine. C'est le Christ qui nous manifeste son amour en nous associant à son Sacerdoce.
Dans ma petite histoire, j'ai beaucoup vu Dieu à travers les hommes, c'est pourquoi je voudrais que le monde aussi le voit à travers moi, d'où ma devise : "Père qu'en s'approchant de moi, les hommes s'approchent de toi".
En août 2005, je me retrouvai dans les Dolomites à la paroisse de Mas Peron en Italie et quelle ne fut ma surprise ! C'est le Père Claude qui m'accueillait puisqu'il en était le curé. 20 ans après, Dieu me faisait ce cadeau de rencontrer mon ange Gabriel. Il m'avait oublié car ce visage n'était plus celui du gamin qui courait après les bonbons. C'était maintenant un homme au menton velu qui le regardait avec toute la maturité acquise par le temps et l'expérience de la vie. Que d'émotions ! Nous chantions quelques cantiques que nous seuls savions les notes devant le regard hagard des chrétiens qui devaient se poser mille et une questions. J'avais présidé la messe sous son regard attentif quand bien même je ne parle pas italien. Il était fier du fruit que j'étais devenu. Il m'avait montré le livre qu'il avait écrit quand il était en mission à Sakassou. En parcourant les pages, nous avions vu ma photo parmi les enfants de coeur en service. Bref ! la joie était vraiment au rendez-vous et aucun mot ne pourrait la traduire. C'était beau, fou, émouvant ... Ensuite, il me confia : "je ne savais pas que j'avais autant apporté à ces enfants que vous étiez. Comme quoi, c'est Dieu qui fait tout. Il passe par nous pour faire plus que nous". Je lui répondis : " je n'ai pas vu Dieu, j'ai vu un homme marqué du sceau de Dieu".
Quatre ans après notre rencontre, sur les pistes rouges de ski, une avalanche mit fin aux jours de mon ange Gabriel. Que son âme repose en paix. L'aventure continue. Je garde le flambeau allumé et je continuerai à l'entretenir jusqu'à le transmettre comme tu l'avais fait pour moi.

Père Gilles N'GORAN